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Salut les baseux,
Un compte rendu de mon RV avec une scientifique de la DGA vraiment pertinente pour notre activité... mon rapport ci dessous suivi de ses corrections et modifications. bonne lecture et réflexion la météo s'y prête...
J'ai vu Corinne CIAN (scientifique employée de la DGA) ce jeudi matin, elle atteste que même avec des valeurs faibles d'accélérations linéaires ou angulaires des anomalies de perceptions peuvent survenir, c'est ce qu'elle fait dans son labo avec une centrifugeuse (au CRSSA à La Tronche), on a bien regardé les vidéos (château des chèvres ou début de vol au Brévent) et pour elle il est clair que les sorties de virage (où le système vestibulaire s'est stabilisé dans le virage) apporte des informations fausses qu'il faut contrer pour permettre de bonnes trajectoires. Le système visuel est le système dominant et si en vol le sol est toujours bien perçu, il ne devrait pas y avoir de problème d'axe de vol, y compris en cas de "ressource" (cas où l'horizon gravitaire est faussé), par contre un effet non négligeable lui semble être la possibilité en canyon ou gorges d'un évasement artificiel de l'angle d'ouverture du V du canyon.
Globalement, dès que la verticale gravitaire perçue n'est plus la verticale absolue, des perceptions fausses peuvent survenir (elle l'a montré à 1,01 g dans son labo). On a aussi parlé des accidents de pilotes de chasse, elle confirme que ce sont les pilotes les plus expérimentés qui se ratent en tentant des coups de plus en plus difficiles elle remarque aussi que comparativement, ils sont assistés par leur instruments contrairement à la WS (du moins quand ils sont d'accord avec eux ...)
...elle leur fait des topos sur les anomalies de perceptions susceptibles de survenir du fait de la non coïncidence entre verticale et gravité inertielle, elle m'a aussi installé au centre d'une pièce noire où des lumières projetées à partir du centre de rotation sur une paroi circulaire et décrivant un mouvement de rotation amènent à l'illusion de mouvement de rotation...
Corinne CIAN a mis en évidence que le travail sur simulateur de vol est une cause d'accident pour les pilotes lorsqu'ils reprennent le vol réel le même jour et ses travaux sont à la base de consignes suivies par l'armée dans son activité de routine.
Cette scientifique n'est pas encore certaine de rester sur Grenoble (son employeur (l'armée qui ferme le CRSSA Centre de Recherche du Service de Santé des Armées de la Tronche, veut la déplacer...) mais elle va tout faire pour que les installations locales puissent rester opérationnelles à Grenoble et elle avec à y être! Si c'est le cas nous testerons peut-être l'idée de nacelle pendulaire où un sujet couché pourrait subir des simulations de vols en virage plus ou moins serrés (200 degrés de rotation par seconde amenant avec le bras relativement court à des valeurs entre 1.3 et 1.5g environs) ... le visuel serait plus ou moins facile à mettre en oeuvre...
Cela dit, il n'est pas évident que ces fausses perceptions soient pas la cause de certains accidents récents de WS survenus même chez des experts, toutefois je ne comprends toujours pas pourquoi par exemple Geoffrey Robson (en supposant qu'il était stable dans son virage) n'a pas perçu assez tôt qu'il ne passerait pas, voir sa vidée d'un saut réalisé un peu plus tôt
http://www.youtube.com/watch?v=yV88pEouZzoIl est certain que c'est le "facteur humain" qui est la cause des accidents, je crois cependant que la connaissance de la mécanique de base des systèmes d'orientation dans l'espace et les difficultés de leur intégration sensorielle et cognitive méritent encore d'être creusés par des scientifiques comme Corinne CIAN.
Les corrections et apports de Corinne CIAN:
juste pour souligner que le système vestibulaire n'est pas une entité mais plusieurs capteurs dans un virage prolongé quand la vitesse est constante le système canalaire (capteur des accélérations angulaires) revient en position de repos mais le système otolithique lui code toujours la gravito-inertielle (il code toujours quelque chose, il faut être en apesanteur sans mouvement pour qu'il n'ait rien à dire).
quand on sort du virage qu'on se remet en trajectoire rectiligne par exemple le système canalaire donne la sensation d'amorcer un virage en sens inverse (comme à l'arrêt après une séance de tourniquet).
Tu peux éventuellement leur parler des problèmes de coriolis engendrés par des mouvements de tête sur un axe différent de celui du virage amorcé. En insistant sur le fait que cela engendre une désorientation spatiale (perception erronée de la position et du mouvement de son corps dans l'espace). Il y a eu pas mal d'accidents mortels (surtout répertoriés aux USA) liés au fait que pendant un virage le pilote a incliné la tête vers l'avant pour consulter un indicateur trop prés du plancher. par exemple pendant un virage à droite, le fait d'incliner la tête en avant donnera l'impression d'un lacet à gauche plus un roulis à gauche et la sensation inverse quand il relèvera la tête. C'est dû au fait qu'on a plusieurs canaux semi circulaire et pour faire simple ça correspond au tangage roulis lacet. Changer la position de la tête pendant le virage modifie la position spatiale des canaux semi circulaires. Celui qui était dans le plan du virage ne sera plus stimulé malheureusement l'arrêt de la stimulation donne la sensation du mouvement en sens inverse. Un autre canal sera dans le plan du mouvement ce qui donnera la sensation sensation de rotation dans son plan.
Autre exemple lorsque l'avion prend un virage serré sur la droite et que le pilote incline la tête vers son épaule droite il va avoir la sensation de cabrer à une très grande vitesse.
Un bon repère visuel limite la casse, encore faut il qu'il soit fiable!!!!
Il existe aussi des accidents liés à des illusions visuelles et ce de jour.
je ne les ai pas toutes en tête (il faut que je relise tout ça)
mais par exemple le flux visuel et les perspectives angulaires peuvent revêtir une signification tout à fait différente en l'air par rapport à ce qui se passe sur terre.
sur terre un flux visuel une perspective donnent des informations non ambiguës sur notre mouvement et l'inclinaison du monde visuel par rapport à nous.
En l'air c'est différent pour une vitesse constante, ils sont réduits en altitude et augmentent avec la diminution de l'altitude. ce qui pause le problème de la perception de la vitesse et de la hauteur.
Pour le flux visuel on ne peut plus dire si on vole bas et lentement ou en altitude et rapidement. Pour la perspective on ne peut pas dire si on vol haut par rapport à un sol plane ou bas par rapport à un relief abrupte.
Par ailleurs la position du soleil est un facteur important susceptible d'écraser le relief. Les successions d'ombres et de lumière se déplaçant dans le champ visuel périphérique peuvent entraîner des sensations de mouvement du corps (vection que tu as vécu au labo) qui lorsqu'elles sont en contradiction avec les informations vestibulaires sont à l'origine d'une désorientation spatiale.
En fait, il y a plein de facteurs susceptibles d'engendrer une mauvaise appréciation de la distance et de la pente.
Pour les pilotes de chasses je ne dirais pas que ce sont les plus expérimentés mais qu'ils sont expérimentés en d'autres termes des pilotes confirmés.
Tu peux éventuellement dire qu'actuellement il n'y a pas de systèmes qui permettent d'échapper à la désorientation spatiale sauf de regarder les instruments de bord mais là ce n'est pas votre cas.
Par contre les pilotes lors de leur formations sont sensibilisés aux illusions.
Ce n'est pas moi qui leur fait un topo dans le cadre de leur formation par contre j'interviens souvent lorsqu'il s'agit du mal des simulateurs.
Je reste à ta disposition pour toute information complémentaire.
Bon WE
Corinne