Suite a l'accident de Moise, voici les quelques lecons que nous avons pu tirer :
1) Pas de portable (charge) = Pas d'helico
Je pense qu'il ne faut tout simplement pas sauter sans portable charge, quitte a faire 4h de marche retour. De même, réfléchir a deux fois si tu sautes dans une zone non couverte par le GSM.
2) Pas de radio = impossible de prendre les decisions qui peuvent sauver une vie
Je m'explique : tu es en haut, ton pote est en bas en 3 morceaux :
-Soit tu as une radio pour parler avec lui donc tu sais qu'il n'est pas en train de se vider de son sang et tu restes en haut pour assurer l'arrivée des secours
- Soit tu n'as pas de radio et dans le doute, tu sautes pour faire un point de compression à ton pote. Manque de pot tu te loupe, ou il n’y a pas de réseau en bas et la c’est termine pour ton pote car les secours ne vous trouveront pas. Dommage.
3) Ne pas suivre passivement le pote qui connaît le saut, noter précisément le lieu du saut, le village le plus proche et la province
Si lui se plante et tombe dans le coma, t’es comme un con en haut avec des grosses gouttes de sueur froide a te dire que ton pote va crever parceque t’as pas la moindre idée de ou t’es quand les secours te le demandent…
4) Toujours avoir une boussole
Quand entends l’helico sans pouvoir lui dire en gros vers ou aller, t’as bien les boules de ne pas savoir ou est le Nord, vraiment.
5) Toujours avoir un bout de papier et un crayon
Croyez moi !
6) Pas de saut sans habits très chauds (même en plein cagnard) et quelques gorgées d’eau restantes dans la gourde
Croyez en Moise, au bout de 2h sous la pluie avec quelques os casses, tu regrettes bien d’avoir mis ta couv de survie dans ton dos (car tu ne peux pas bouger) ou de n’avoir pas mis des affaires très chaudes, car t’as très très froid
7) Saut sans dérive glisseur haut = risque maximal
Non ?
Le gars qui saute après toi, c’est peut être celui qui va te sauver la vie
Fait un briefing de 2mn sur quoi faire en cas de pepin, au bout de combien de temps, sur quel signe etc. En particulier, précise lui bien de NE PAS SAUTER et de rester en haut pour guider les secours, sauf en cas d’hemoragie incontrôlée.
Je ne veux pas m’imposer en donneur de leçons, car même après 9 ans de pratique, j’en ai encore beaucoup a recevoir. Je veux juste essayer d’éviter a tout sauteur de vivre ce que j’ai vécu, sachant que cette liste comprend évidemment des erreurs que j’ai faite et d’autres que je n’ai pas faites.
Ce sport est l’apothéose de la liberté, de l’aventure et du défi humain, mais contrairement a ce que l’on peut penser, ce trois attraits sont conciliables avec une sécurité maximale, j’en suis convaincu.
Pour finir, sachez que même en décidant de ne pas sauter quand tout le monde saute - parceque la falaise pue la mort, parcequ’on a vu un arbre bouger en bas – et bien on fait plus de saut que tous ceux qui ont saute…
Pourquoi ?
Très simple : un carton = en gros 6 mois sans sauter = 50% des sauts loupes. Et je pense honnêtement que je refuse moins de 50% des sauts. Bilan : tu sautes plus que les autres en prenant moins de risques.
Bref, d’accord ou pas d’accord avec ce qui précède, l’essentiel est que Moise soit avec nous, et qu’il revienne vite pour nous dégouter en ouvrant encore des spots a 2 pas de chez nous !
BASE !